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Page:Malato - Révolution chrétienne et Révolution sociale, Savine, 1891.djvu/96

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mortes, de distribuer les aumônes et de garder l’entrée des églises. D’autres, appelées Agapètes, se consacraient gratuitement au service des prêtres avec lesquels elles habitaient et dont elles partageaient souvent la couche, afin, ont prétendu les écrivains religieux, d’éprouver et vaincre la concupiscence. À la longue, il se forma un alliage monstrueux de bigoterie et de dévergondage : diaconesses et agapètes, décriées, flétries, maltraitées même, durent disparaître ou plutôt aller, sous un autre nom, porter dans les couvents leurs ardeurs hystériques.

À mesure que le christianisme se subtilisait, il développait chez les femmes des sensations plus complexes et souvent plus perverses. À côté des pures séduites par la conception d’une morale supérieure, des enthousiastes prises par l’amour du merveilleux, l’éloquence des prédicateurs ou leur majestueuse prestance, des ergoteuses se grisant de discussions métaphysiques, tranchant du docteur et morigénant la mollesse des prêtres, il se formait toute une classe de névrosées : jeunes femmes adorant dans Jésus le dieu-homme, doux et blond, mystérieux époux des vierges. Au fait, le Jupiter païen ne s’était-il pas uni à Danaé ? Et qui d’entre elles n’eût voulu être Danaé ? Jupiter tombait de jour en jour, mais Jésus le remplaçait et, fortune inespérée, daignait se livrer intimement à chaque fervente. Et toutes de soupirer, les yeux fixés sur l’image blanche et nue du crucifié, les sens troublés, l’âme perdue dans un abîme de rêveries mystiques et d’impressions indéfinissables.