Page:Malebranche - De la recherche de la vérité.djvu/534

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nous prescrivons et pour découvrir des vérités très-composées, pourvu qu’on ne veuille point courir trop vite d’un sujet à un autre.

Si l’on considère donc avec attention l'étendue, on conçoit sans peine qu’une partie peut être séparée d’une autre, c’est-à-dire que l’on conçoit sans peine le mouvement local, et que ce mouvement local produit une figure dans l’un et dans l’autre des corps qui sont mus. De tous les mouvements, le plus simple et le premier qui se présente à l’imagination, c’est le mouvement en ligne droite. Supposez donc qu’il y ait quelque partie d’étendue qui se meuve par un mouvement en ligne droite, il est nécessaire que celle qui se trouve dans le lieu où cette première étendue se va rendre, se meuve circulairement pour prendre la place que l’autre quitte, et ainsi qu’il se fasse un mouvement circulaire. Que si l’on conçoit une infinité de mouvements en ligne droite, dans une infinité de semblables parties de cette étendue immense que nous considérons, il est encore nécessaire que tous ces corps s'empèchant les uns les autres conspirent tous par leur mutuelle action et réaction, je veux dire par la mutuelle communication de tous leurs mouvements particuliers, à se mouvoir par un mouvement circulaire.

Cetle première considération des rapports les plus simples de nos idées, nous fait déjà reconnaître la nécessité des tourbillons de M. Descartes : que leur nombre sera d’autant plus grand, que, les mouvements en ligne droite de toutes les parties de l'étendue ayant été plus contraires les uns aux autres, ils auront eu plus de difficulté à s’accommoder d’un même mouvement ; et que de tous ces tourbillons ceux-là seront les plus grands où il y aura plus de parties qui auront conspiré au même mouvement, ou dont les parties auront en plus de force pour continuer leur mouvement en ligne droite.

Mais il faut prendre garde à ne pas dissiper ni fatiguer son esprit en s’appliquant inutilement au nombre infini et à la grandeur immense des tourbillons. Il faut d’abord s’arrêter quelque temps à quelqu’un de ces tourbillons et rechercher par ordre, et avec attention, tous les mouvements de la matière qu’il renferme, et toutes les figures dont toutes les parties de cette matière se doivent revêtir.

Comme il n’y a que le mouvement en ligne droite qui soit simple, il faut d’abord considérer ce mouvement, comme celui selon lequel tous les corps tendent sans cesse à se mouvoir, puisque Dieu agit toujours selon les voies les plus simples, et qu’en effet les