Mais elle estoit du monde où les plus belles choses
Ont le pire destin,
Et, rose, elle a vécu ce que vivent les roses,
L’espace d’un matin.
Puis, quand ainsi seroit que, selon ta priere,
Elle auroit obtenu
D’avoir en cheveux blancs terminé sa carriere,
Qu’en fust-il advenu ?
Penses-tu que, plus vieille, en la maison céleste
Elle eust eu plus d’accueil?
Ou qu’elle eust moins senti la poussiere funeste
Et les vers du cercueil?
Non, non, mon Du Perier, aussi-tost que la Parque
Oste l’ame du corps,
L’âge s’évanouït au deçà de la barque,
Et ne suit point les morts.
Tithon n’a plus les ans qui le firent cigale;
Et Pluton aujourd’huy,
Sans égard du passé, les mérites égale
D’Archémore et de luy.
Ne te lasse donc plus d’inutiles complaintes;
Mais, sage à l’advenir,
Aime une ombre comme ombre, et des cendres éteintes
Éteins le souvenir.
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