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Page:Malherbe - Œuvres poétiques de Malherbe, éd. Blanchemain, 1897.djvu/121

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Et si tous ses appas sont encore en sa face,
C’est que l’amour y loge, et que rien qu’elle fasse
N’est capable de l’en chasser.



Mais quoi ! c’est un chef-d’œuvre où tout mérite abonde,
Un miracle du ciel, une perle du monde,
Un esprit adorable à tous autres esprits ;
Et nous sommes ingrats d’une telle aventure,
Si nous ne confessons que jamais la nature
N’a rien fait de semblable prix.

J’ai vu maintes beautés à la cour adorées,
Qui, des vœux des amants à l’envi désirées,
Aux plus audacieux ôtaient la liberté :
Mais de les approcher d’une chose si rare,
C’est vouloir que la rosé au pavot se compare,
Et le nuage à la clarté.

Celle à qui dans mes vers, sous le nom de Nérée,
J’allais bâtir un temple éternel en durée,
Si sa déloyauté ne l’avait abattu,
Lui peut bien ressembler du front, ou de la joue ;
Mais quoi ! puisqu’à ma honte il faut que je l’avoue,
Elle n’a rien de sa vertu.

L’âme de cette ingrate est une âme de cire,
Matière à toute forme, incapable d’élire,