Page:Malherbe - Œuvres poétiques de Malherbe, éd. Blanchemain, 1897.djvu/122

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Changeant de passion aussitôt que d’objet ;
Et de la vouloir vaincre avecque des services,
Après qu’on a tout fait, on trouve que ses vices
Sont de l’essence du sujet.

Souvent de tes conseils la prudence fidèle
M’avait sollicité de me séparer d’elle,
Et de m’assujettir à de meilleures lois :
Mais l’aise de la voir avait tant de puissance
Que cet ombrage faux m’ôtait la connaissance
Du vrai bien où tu m’appelais.

Enfin, après quatre ans, une juste colère

Que le flux de ma peine a trouvé son reflux :
Mes sens qu’elle aveuglait ont connu leur offense ;
Je les en ai purgés, et leur ai fait défense
De me la ramentevoir plus.

La femme est une mer aux naufrages fatale ;
Rien ne peut aplanir son humeur inégale ;
Ses flammes d’aujourd’hui seront glaces demain :
Et s’il s’en rencontre une à qui cela n’avienne,
Fais compte, cher esprit, qu’elle a, comme la tienne,
Quelque chose de plus qu’humain.