Page:Malherbe - Œuvres poétiques de Malherbe, éd. Blanchemain, 1897.djvu/14

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

roi lui demanda s’il ne faisoit plus de vers ; il lui dit que, depuis qu’il lui avoit fait l’honneur de l’employer en ses affaires, il avoit tout à fait quitté cet exercice, et qu’il ne falloitpoint que personne s’en mêlât après M. de Malherbe, gentilhomme de Normandie, habitué en Provence ; qu’il avoit porté la poésie françoise à un si haut point que personne n’en pouvoit jamais approcher.

« Le Roi se ressouvint de ce nom de Malherbe ; il en parloit souvent à M. des Yveteaux, qui étoit alors précepteur de M. de Vendôme. Ledit sieur des Yveteaux, toutes les fois qu’il lui en parloit, lui offroit de le faire venir de Provence ; mais le Roi, qui étoit ménager, craignoit que, le faisant venir de si loin, il seroit obligé de lui donner récompense, du moins de la dépense de son voyage ; ce qui fut cause que M. de Malherbe n’eut l’honneur de faire la révérence au Roi que trois ou quatre ans après que M. le cardinal du Perron lui en eut parlé ; et, par occasion, étant venu à Paris pour ses affaires particulières, M. des Yveteaux prit son temps pour donner avis au Roi de sa venue, et aussitôt il l’envoya quérir. C’étoit en l’an 1605. Comme il étoit sur son partement pour aller en Limousin, il lui commanda de faire des vers sur son voyage ; ce qu’il fit, et les lui présenta à son retour. C’est cette excellente pièce qui commence :

Ô Dieu, dont les bontés de nos larmes touchées… [1]

« Le roi trouva ces vers si admirables qu’il

  1. Voyez ci-après, page 108.