Page:Malherbe - Œuvres poétiques de Malherbe, éd. Blanchemain, 1897.djvu/15

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désira de le retenir à son service, et commanda à M. de Bellegarde de le garder jusques à ce qu’il l’eût mis sur l’état de ses pensionnaires. M. de Bellegarde lui donna sa table, et l’entretint d’un homme et d’un cheval, et mille livres d’appointement. »

Cette manière de récompenser les gens paraîtrait assez singulière, si l’on ne savait, par Huet, que M. de Bellegarde, en sa qualité de grand-écuyer de France, disposa en faveur de Malherbe d’une place d’écuyer du roi et le fit peu après nommer gentilhomme de la chambre. C’était pour le poëte une existence presque opulente ; mais il ne laissa pas, même après avoir hérité de son père, en 1606, de toujours solliciter de Henri IV une pension que le Roi, de son côté, ne se lassait jamais de lui promettre.

Désormais poëte attitré de la Cour, chef reconnu de la nouvelle école, bienvenu de la famille royale et des grands, Malherbe ne quitta plus Paris. Ses relations avec sa femme, restée en Provence, furent assez affectueuses ; mais il se contenta de l’aimer de loin, et ne la revit plus que deux fois.

La mort fatale de Henri IV ne diminua point sa faveur et la reine mère récompensa, plus généreusement que ne l’avait fait son époux, l’attachement du poëte et du courtisan.

Un événement funeste vint attrister et abréger ses dernières années. Son fils Marc-Antoine, qui avait

le caractère fougueux de sa famille, après avoir, dans un duel, frappe à mort son adversaire et s’être fait donner non sans peine des lettres de rémission, fut à