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Page:Malherbe - Œuvres poétiques de Malherbe, éd. Blanchemain, 1897.djvu/157

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STANCES.

Qui n’ont rien de pareil à soy !
Ma dame est captive, et son crime,
C’est que je l’aime, et qu’on estime
Qu’elle en fait de mesme de moy !

« Rochers où mes inquietudes
Viennent chercher les solitudes
Pour blasphemer contre le sort,
Quoy qu’insensibles aux tempestes,
Je suis plus rocher que vous n’estes,
De le voir et n’estre pas mort !

« Assez de preuves à la guerre,
D’un bout à l’autre de la terre,
Ont fait paroistre ma valeur ;
Icy je renonce à la gloire,
Et ne veux point d’autre victoire
Que de ceder à ma douleur.

« Quelquefois les dieux, pitoyables,
Terminent des maux incroyables ;
Mais, en un lieu que tant d’appas
Exposent à la jalousie,
Ne seroit-ce pas frenesie
De ne les en soupçonner pas ?

« Qui ne sçait combien de mortelles
Les ont fait soupirer pour elles,