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STANCES.

President à ma destinée,
Pourquoy n’est, comme la Toison,
Votre conqueste abandonnée
À l’effort de quelque Jason ?

« Quels feux, quels dragons, quels taureaux,
Quelle horreur de monstres nouveaux,
Et quelle puissance de charmes
Garderait que jusqu’aux enfers
Je n’allasse avecques les armes
Rompre vos chaisnes et vos fers ?

« N’ay-je pas le coeur aussi haut.
Et, pour oser tout ce qu’il faut,
Un aussi grand desir de gloire,
Que j’avois lorsque je couvry
D’exploits d’éternelle memoire
Les plaines d’Arques et d’Ivry ?

« Mais quoy ! ces loix, dont la rigueur
Retient mes souhaits en langueur,
Regnent avec un tel empire
Que, si le Ciel ne les dissout,
Pour pouvoir ce que je desire,
Ce n’est rien que de pouvoir tout.

« Je ne veux point, en me flattant,
Croire que le sort inconstant