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Page:Malherbe - Œuvres poétiques de Malherbe, éd. Blanchemain, 1897.djvu/219

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LES LARMES DE SAINCT PIERRE.

Ne refuse à mes voeux un favorable appuy ;
Et, si pour ton autel ce n’est chose assez grande,
Pense qu’il est si grand qu’il n’auroit point d’offrande
S’il n’en recevoit point que d’égales à luy.

La foy qui fut au coeur d’où sortirent ces larmes
Est le premier essay de tes premières armes,
Pour qui tant d’ennemis à tes pieds abattus,
Pasles ombres d’enfer, poussière de la terre,
Ont cognu ta fortune, et que Part de la guerre
A moins d’enseignements que tu n’as de vertus.

De son nom de rocher, comme d’un bon augure,
Un éternel estat l’Eglise se figure ;
Et croit, par le destin de tes justes combas,
Que ta main, relevant son épaule courbée,
Un jour, qui n’est pas loin, elle verra tombée
La troupe qui Passaut et la veut mettre bas.

Mais le coq a chanté pendant que je m’arreste
À l’ombre des lauriers qui t’embrassent la teste,
Et la source, déja commençant à s’ouvrir,
A lasché les ruisseaux qui font bruire leur trace,
Entre tant de malheurs estimant une grâce
Qu’un Monarque si grand les regarde courir.

Ce miracle d’amour, ce courage invincible,
Qui n’esperoit jamais une chose possible