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VI

[POUR M. DE BELLEGARDE ]

Ap. 1616


Mes yeux, vous m’estes superflus :
Cette beauté qui m’est ravie
Fut seule ma veuë et ma vie,
Je ne voy plus ny ne vy plus.
Qui me croit absent, il a tort :
Je ne le suis point, je suis mort.

Ô qu’en ce triste éloignement,
Où la nécessité me traine,
Les dieux me témoignent de haine
Et m’affligent indignement !
Qui me croit absent, il a tort :
Je ne le suis point, je suis mort.

Quelles flèches a la douleur
Dont mon ame ne soit percée,