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Page:Malherbe - Œuvres poétiques de Malherbe, éd. Blanchemain, 1897.djvu/284

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CHANSONS.

Et quelle tragique pensée
N’est point en ma pasie couleur ?
Qui me croit absent, il a tort :
Je ne le suis point, je suis mort.

Certes, où l’on peut m’écouter,
J’ay des respects qui me font taire ;
Mais en un reduit solitaire
Quels regrets ne fais-je éclatter ?
Qui me croit absent, il a tort :
Je ne le suis point, je suis mort.

Quelle funeste liberté
Ne prennent mes pleurs et mes plaintes,
Quand je puis trouver à mes craintes
Un séjour assez écarté !
Qui me croit absent, il a tort :
Je ne le suis point, je suis mort.

Si mes amis ont quelque soin
De ma pitoyable avanture,
Qu’ils pensent à ma sépulture :
C’est tout ce de quoy j’ay besoin.
Qui me croit absent, il a tort :
Je ne le suis point, je suis mort.