Page:Malherbe - Œuvres poétiques de Malherbe, éd. Blanchemain, 1897.djvu/41

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

D'où vient que ta sévérité
Moindre qu'en la faute d'Atrée
Ne punit point cette contrée
D'une éternelle obscurité ?

Non non, tu luis sur le coupable
Comme tu fais sur l'innocent :
Ta nature n'est point capable
Du trouble qu'une âme ressent ;
Tu dois ta flamme à tout le monde,
Et ton allure vagabonde
Comme une servile action
Qui dépend d'une autre puissance,
N'ayant aucune connaissance
N'a point aussi d'affection.

Mais o planète belle et claire
Je ne parle pas sagement ;
Le juste excès de ma colère
M'a fait perdre le jugement :
Ce traître, quelque frénésie
Qui travaillait sa fantaisie,
Eut encore assez de raison
Pour ne vouloir rien entreprendre,
Bel astre, qu'il n'eût vu descendre
Ta lumière sous l'horizon.

Au point qu'il écuma sa rage,
Le Dieu de Seine était dehors