Page:Malherbe - Œuvres poétiques de Malherbe, éd. Blanchemain, 1897.djvu/40

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Toutefois, ingrats que nous sommes,
Barbares et dénaturés,
Plus qu'en ce climat où les hommes
Par les hommes sont dévorés,
Toujours nous assaillons sa tête
De quelque nouvelle tempête,
Et d'un courage forcené
Rejetant son obéissance
Lui défendons la jouissance
Du repos qu'il nous a donné.

La main de cet esprit farouche
Qui, sorti des ombres d'enfer,
D'un coup sanglant frappa sa bouche
A peine avait laissé le fer,
Et voici qu'un autre perfide
Où la même audace réside,
Comme si détruire l'État
Tenait lieu de juste conquête,
De pareilles armes s'apprête
A faire un pareil attentat.

Ô soleil ô grand luminaire !
Si jadis l'horreur d'un festin
Fit que de ta route ordinaire
Tu reculas vers le matin,
Et d'un émerveillable change
Tu couchas aux rives du Gange,