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Page:Malherbe - Œuvres poétiques de Malherbe, éd. Blanchemain, 1897.djvu/64

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ODE VI.


En ce long-temps où les manies
D’un nombre infiny de mutins
Poussez de nos mauvais destins
Ont assouvy leurs felonnies,
Par quels faits d’armes valeureux
Plus que nul autre avantureux
N’as-tu mis ta gloire en estime,
Et declaré ta passion
Contre l’espoir illegitime
De la rebelle ambition ?

Tel que d’un effort difficile
Un fleuve, au travers de la mer,
Sans que son goust devienne amer,
Passe d’Elide en la Sicile ;
Ses flots, par moyens incognus
En leur douceur entretenus,
Aucun meslange ne reçoivent,
Et, dans Syracuse arrivant,
Sont trouvez de ceux qui les boivent
Aussi peu salez que devant ;

Tel, entre ces esprits tragiques,
Ou plustost demons insensez,
Qui de nos dommages passez
Tramoient les funestes pratiques,
Tu ne t’es jamais diverty
De suivre le juste party ;