Page:Malherbe - Œuvres poétiques de Malherbe, éd. Blanchemain, 1897.djvu/82

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
61
ODE VIII

Et, vengeant de succez prosperes
Les infortunes de nos peres,
Que tient l’Egypte ensevelis,
Aller si prés du bout du monde
Que le soleil sorte de l’onde
Sur la terre des fleurs de lys ?

Certes ces miracles visibles,
Excedant le penser humain,
Ne sont point ouvrages possibles
A moins qu’une immortelle main ;
Et la raison ne se peut dire
De nous voir en notre navire
A si bon port acheminez,
Ou, sans fard et sans flatterie,
C’est Pallas que cette Marie
Par qui nous sommes gouvernez.

Quoy qu’elle soit, nymphe ou déesse,
De sang immortel ou mortel,
Il faut que le monde confesse
Qu’il ne vit jamais rien de tel ;
Et quiconque fera l’histoire
De ce grand chef-d’oeuvre de gloire,
L’incredule posterité
Rejettera son témoignage,
S’il ne la depeint belle et sage
Au deça de la verité.