N’ait mérité que dans nos temples
On lui donne le second lieu ?
Qui ne sait point qu’à sa vaillance
Il ne se peut rien ajouter ?
Qu’on reçoit de sa bienveillance
Tout ce qu’on en doit souhaiter ?
Et que si de cette couronne,
Que sa tige illustre lui donne,
Les lois ne l’eussent revêtu,
Nos peuples d’un juste suffrage
Ne pouvaient, sans faire naufrage,
Ne l’offrir point à sa vertu ?
Toutefois, ingrats que nous sommes,
Barbares et dénaturés,
Plus qu’en ce climat où les hommes
Par les hommes sont dévorés,
Toujours nous assaillons sa tête
De quelque nouvelle tempête ;
Et d’un courage forcené,
Rejetant son obéissance,
Lui défendons la jouissance
Du repos qu’il nous a donné.
La main de cet esprit farouche,
Qui, sorti des ombres d’enfer,
D’un coup sanglant frappa sa bouche,
À peine avait laissé le fer ;
Et voici qu’un autre perfide,
Où la même audace réside,
Comme si détruire l’État
Tenait lieu de juste conquête,
De pareilles armes s’apprête
À faire un pareil attentat.
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FRANÇOIS DE MALHERBE
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