Page:Malherbe - Le Bouquet des fleurs de Sénèque, 1834.djvu/17

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C’est ce grand peintre, excellent, admirable
Qui ton esprit retira sur le sien,
Et sans travail le retira si bien,
Qu’au sien parfait il le fist tout semblable.

C’est cet agneau, ce père débonnaire
Qui ne craignit la rigeur du trépas
Pour t’en sauver, et tu ne voudrais pas
Le confesser ton sauveur et ton père !

Si le dédain, si l’impudence infâme,
Et si l’orgueil qui te pousse en fureur,
T’ont clos les yeux pour ne voir ton erreur,
A tout le moins prens pitié de ton ame.

Songe à ce jour, jour affreux et terrible
Que Dieu tonnant, ardant et rugissant
Prendra les bons et l’ira maudissant
Avec les siens, de cet arrest horrible :

Sortez dehors de vos tombes poudreuses,
Sortez au jour, les os cousus de nerfs,
Et dévalez pour jamais aux enfers,
Malheureux corps des âmes malheureuses.

Trembles-tu point à la rude menace
De ce grand juge, aux arrests arrestez ?
Si les meilleurs craignent d’estre jetez
Dedens la braize, où trouveras-tu grâce ?