Page:Malherbe - Le Bouquet des fleurs de Sénèque, 1834.djvu/16

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Baisse les bas, voy la terre, la place,
Auprès du ciel qui n’est qu’un petit point
En l’air pendu, qui ne se bouge point,
Que l’océan tout à l’entour embrasse.

Que veux-tu plus ? curieux considère
Tout ce qui vit souz le feu du soleil ;
Tout t’apprendra qu’un ouvrier nompareil
A fait le monde et le doit redefaire.

Tu connoistras que par sa prévoyance
Les cieux, qui d’eux n’ont aucun mouvement,
A pas nombrez tournent incessamment,
Toujours constans d’une mesme inconstance.

Tu connoistras que ce n’est la fortune
Qui des saisons ordonne les retours,
Qui le soleil allume tous les jours,
Et tous les mois donne forme à la lune.

Elle est volage, et volage comme elle
Ce qu’elle fait. Mais l’ouvrier tout parfait,
Et tout cela que sa parole a fait
Est tout constant ; tout saint et tout fidelle.

C’est cet ouvrier auquel l’œuvre te guide,
Qui voulant faire un petit univers,
Bastit ton corps de ces quatre divers,
Du froid, du chaud, du sec et de l’humide.