Page:Malherbe - Le Bouquet des fleurs de Sénèque, 1834.djvu/21

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Le rend sur elle vainqueur
Par sa constance connue.

Il semble un chesne constant
Que deux vens vont souffletant,
Tous deux contraires d’aleime ;
Ferme en terre il se rit d’eux,
Perdant un peu de cheveux
Que le printemps lui rameine.

Soit que le dépit des Rois ,
Ou l’injustice des lois,
Ou l’orage de la guerre,
Ou bien le cueur obstiné
Du vulgaire mutiné
Lui facent changer de terre,

Son cueur ne change pourtant ;
Ains philosophe constant,
Il fait teste à la fortune ;
Le monde à son jugement
N’est qu’un païs seulement,
Nostre demeure commune.

Ce qu’on dit banissement,
Il l’appelle changement,
Qui jamais ne le tourmente ;
Partout il vit sans ennuy,
Car il porte avecque luy
La vertu qui le contente.