Page:Malherbe - Le Bouquet des fleurs de Sénèque, 1834.djvu/27

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Las ! elle nous suit pas à pas,
Et rien ne fuira le trépas,
Sinon nos âmes immortelles
Et les enfans qui naissent d’elles.

Heureux ! si je puis vivre ainsi,
Passant mon âge sans souci,
Ferme rocher contre l’envie
Jalouse de l’heur de ma vie.

Je n’aurai soin de ce butin,
Qu’on va quérir souz le matin,
Ni de tout le bien misérable
De la fortune variable.

Un ruisselet , argentelet,
Au bord moussolet doucelet
Me sera plus doux et fidèle
Que le fumeux fils de Sémèle.

Je vivray sans nécessité,
Certain de la fidélité
De mon petit champ que nature
Me fera rendre avec usure.

Malheureux l’homme ambitieux,
Malheureux l’avaricieux ,
Ausquels l’ame brûle sans cesse
Après l’honneur et la richesse.