Page:Malherbe - Le Bouquet des fleurs de Sénèque, 1834.djvu/36

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AU LECTEUR.

Lecteur, si tu crains Dieu, je ne crains point ta censure pour mon intention. Tu la trouveras sainte et bonne , comme tendant à l’honneur de Dieu aujourd’huy tant deprisé par les grans du monde, et voulant montrer à tous ceux qui blasment le train de vie cpie je suy , que ma solitude me plait bien, et fuyant ici les compagnies, que j’aime trop mieux -vivre en mon particulier, povre et en paix, qu’avec les autres riches et sans repos , et toujours avec quelque doute en ma conscience. Pour les vers je les abandonne à ta lime ; j’apprendray de toy leurs manquemens et leurs déformitez que je ne scaurois pas peut-être si bien appercevoir comme tu pourras faire, pour raison du fol amour qui ordinairement nous aveugle au jugement de nos enfans. Je seray Apelle cependant, derrière le rideau , attendant ou ta faveur qui m’encourage , ou ta censure qui m’apprenne une autre fois à faire mieux.

ADIEU.