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Page:Malherbe - Les Larmes de Saint-Pierre, 1596.pdf/6

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   Henry, de qui les yeux & l’image ſacree
Font vn viſage d’or à ceſt age ferree,
Ne refuſe à mes veux vn fauorable appuy :
Et ſi pour ton autel ce n’eſt choſe aſſez grande,
Penſe qu’il eſt ſi grand, qu’il n’auroit point d’offrãde,
S’il n’en receuoit point que d’egalles à luy.

   La foy qui fut au cœur d’où ſortirent ces larmes,
Eſt le premier eſſay de tes premieres armes :
Pour qui tant d’ennemis à tes pieds abbattus,
Palles ombres d’Enfer, poußieres de la terre,
Ont connu ta fortune, & que l’art de la guerre
A moins d’enſeignemens que tu n’as de vertus.

   De ſon nom de rocher, comme d’vn bon augure,
Vn eternel eſtat l’Egliſe ſe figure :
Et croit par le deſtin de tes iuſtes combas,
Que ta main releuant ſon eſpaule courbee,
Vn iour, qui n’eſt pas loin, elle verra tombee
La troupe qui l’aſſaut & la veut mettre bas.

   Mais le coq a chanté, pendant que ie m’arreſte
A l’ombre des lauriers qui t’embraſſent la teſte,
Et la ſource déſia commençant à s’ouurir
A laſché les ruiſſeaux, qui font bruire leur trace,
Entre tant de malheurs eſtimant vne grace,
Qu’vn Monarque ſi grand les regarde courir.