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Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/1203

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nouveaux traits : fort rarement. On se contentait d’ordinaire d’attribuer toutes les légendes latines aux dieux grecs, avec lesquels, dans bien des cas, ils n’avaient de commun ni le nom ni la qualité. Ainsi les histoires racontées d’Hermès, chacun les rapporta également à propos de Mercure. Mais dans un cas ou deux, le caractère de la déité grecque est altéré en mauvaise part. L’aimable Saranyu, ou l’aurore de l’Inde, par exemple, devint la sombre et sévère Erinys des Grecs; de même les Harpies, qui, dans les poèmes d’Hésiode, sont de belles fdles de Thaumas et d’Electre, se trouvent, dans Virgile, être de vils oiseaux de proie. L’OLYMPE ET SES DOUZE DIEUX* Quoique les poèmes homériques possédés par nous, non plus que la théogonie hésiodique, ne présentent le nom du groupe suprême de déités, appelé, particulièrement à Athènes du temps de Périclès, les douze dieux olympiens, nous ne passerons pas sous silence une classification célèbre qui présida à l’exécution de plus d’une œuvre d’art, arme ou joyau. Elle-même est une œuvre d’art inspirée par un goût de la symétrie tel, qu’il caractérise une époque où la « vitalité mythologique » avait, certes, cessé. Tout contredit cette ordonnance dans les temps antérieurs. Au cours du dernier des poèmes que nous avons cités tout à l’heure, Zeus et Poséidon ébranlent bien le sol et la mer, tandis qu’Hadès habite les régions situées sous terre; mais qu’il y ait eu un triple partage du Cosmos entre les trois frères cronides, c’est un fait dont nous ne possédons aucune mention formelle. La théogonie hésiodique, monument primitif, nous parle de Poséidon, mais pour ne nous rien dire d’autre à son sujet sinon qu’il bâtit les murailles entre lesquelles Briarée garde les Titans : là, aucune différence de rang non plus entre Arès et ses sœurs Hébé et Éileithua, ou encore entre Déméter et Eurynome. Hadès, lui, de ce soi-disant nombre douze, est exclu, tandis que, selon Y Iliade et Y Odyssée, il apparaît à sa guise dans la demeure olympienne de Zeus, et se comporte comme l’égal des dieux assemblés. II y aurait, dans l’un de ces cas, plus de douze déités; dans l’autre, il n’y en aurait que onze. Quant à l’Olympe, qui, même en la mythologie empruntée par les Latins, resta le séjour des dieux grecs, on sait que c’est, dans les montagnes qui séparent la Macédoine de la Thcssalie, la portion orientale d’une chaîne formant le

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