Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/1207

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s’oblitéra, des actions viles ou honteuses. Exemple : on avait présenté la Terre comme la fiancée du Ciel, et dit du Ciel qu’il couvait la Terre de son amour dans tout pays; or tout ceci, désignant par la suite une déité à passions et à forme humaines, s’accrut des faits étranges d’une licence effrénée. Cette conclusion est justifiée par la poésie grecque de temps avancés, et y puise une force nouvelle. Par cela même que, dans Hésiode, la descente des dieux sur terre, leurs amours terrestres et leurs actes grossiers acquièrent un relief plus grand, le poète peut se détourner de telles hontes, plus vivement, vers la pensée de ce Zeus pur et sacré qui regarde du haut des cieux pour voir si les hommes pratiquent la justice et s’inquiètent de la divinité. Les chantres et les philosophes d’un âge plus avancé ont bien senti ce contraste. Aux yeux de quelques-uns, la pensée que les dieux doivent être bons semblait une raison suffisante pour ne pas croire toutes ces histoires qui en discréditaient la sainteté; chez d’autres, pareils contes servaient à réfuter la divinité des dieux, ainsi que dit Euripide : « Si les dieux ne font rien d’inconvenant, c’est alors qu’ils ne sont plus dieux du tout. »


Mais plusieurs chez les anciens demeurèrent satisfaits de savoir que Zeus était un pur nom, à la faveur de quoi il leur fût possible de parler de la divinité, inscrite au fond de notre être ; nom incapable absolument d’en exprimer (comme l’était l’esprit de la concevoir) l’infinie perfection. Zeus était pour eux le représentant de la divinité. Le nom de Zeus a passé par plus d’une autre forme, car il est dérivé de la même racine que le grec theos et le latin deus, qui tous les deux signifient un dieu ou le Dieu.


z\ l'histoire de Zeus maintenant, souvent interrompue par d’utiles digressions! Ce père a pour enfants Apollon et Artémise, dont la mère s’appelait Léto (selon le latin Latone) ; Arès, Hermès et Athéné, qui, avec Poséidon, Héra, Héphaistos, Ilestia, Déméter, Aphrodite et Zeus lui-même, formaient le corps divin adoré aux jours de Thucydide comme « les douze dieux » de l’Olympe. Se bien rappeler que plusieurs des déités ne sont pas, dans les poèmes homériques, à beaucoup près si importantes qu’elles le deviendront dans les âges postérieurs, tandis que le caractère d’autres s’amoindrit dans les traditions avec le temps. A ces épopées il faut joindre les chants qui décrivent principalement la naissance et les attributs des dieux; on les appelle théogonies, les plus connues étant la théogonie d'Hésiode et celle qui reçut son nom d’Orphée.


Les temples, après les livres : les sanctuaires de Zeus les plus célèbres dans l’ancienne Hellas ou la Grèce étaient : le temple bâti sur le Mont-Lycée (mot qui désigne simple-