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Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/1222

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syrien ou hébraïque, signifiant Seigneur, quoique le dieu fût adore en Syrie sous l’invocation de Tammuz*. Voici l’histoire d’Adonis. Sa grande beauté charma Aphrodite, mais il ne paya pas cette passion de retour; et au printemps encore de son adolescence, l’éphèbe mourut déchiré par un sanglier sauvage**. Ce conte ressemble à un grand nombre d’autres, où le héros meurt jeune, est blessé par les défenses d’une bête, par la lance, par une épine, une flèche. Ainsi dans la fable perse, Isfendiyar périt d’une épine que Rustem lui enfonce dans l’œil; et dans la légende norse, Sigurd est percé par une lance, comme dans la légende grecque, Pâris, par les flèches empoisonnées d’Hercule. Une signification bien connue de nous déjà se cache sous le conte d’Aphrodite et d’Adonis, n’est-ce pas ? Aphrodite pleurant Adonis, c’est le chagrin de Déméter, lors de la perte de Perséphone***. La terre, dans le dernier cas, est en deuil du départ de l’été; dans le premier, l’aurore ou le crépuscule se désole de la mort du trop bref soleil. Toutefois des fables relatives à Aphrodite ne se dégage pas une idée qu’incarne pleinement la déesse ; on la représente en effet de façons multiples, quelquefois pure, parfois douce et aimante, d’autres fois forte et véhémente, tantôt indolente et distraite, et tantôt respirant la victoire. Aux temples de Sparte, elle apparaissait comme une déesse conquérante et revêtue d’une armure, juste comme les derniers poètes dirent Éros (l’Amour) invincible dans la bataille. Vénus. — Vénus est la déesse latine de la beauté et de l’amour, sur le compte de laquelle on mit toutes les histoires relatives à l’Aphrodite grecque. Cette dernière passant pour mère d’Énée, ancêtre de Romulus, on supposa que Vénus était la protectrice spéciale de l’État de Rome. Le nom dérive d’une racine qui signifie «faveur», trouvée dans le mot latin venia, grâce ou pardon, aussi bien que dans notre mot vénéré. La Vénus latine ne représente donc pas autre chose qu’une simple appellation; ses adorateurs peuvent l’invoquer tour à tour en tant que Vénus, Myrta, Cloacina, ou Purificalrix, Barbata. Militaris, Equestris, etc.****.

  • Ezéchiel VIII, 14.
    • Cf. Arès.
      • Cf. Déméter.
        • Qc|e Myth. lîv. Il, ch. 24.