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Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/1221

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la forme d’Argynnis, ayant trait à une jeune femme aimée d’Agamemnon. Nouvelle histoire produite simplement parce qu’on avait oublié la signification réelle du nom de cette Argyrinis, et qu’on s’était souvenu seulement de la notion de sa beauté. Argynnis fut donc, vis-à-vis d’Agamemnon, ce qu’était Hélène vis-à-vis de Nlénélas. Revenons à Aphrodite. Les Horaï, ou les Heures latines, et, plus spécialement, les Charités, ou les Grâces latines, formaient sa suite charmante. C'es Charités 011 les retrouve dans d’autres légendes que les grecques : dans les hymnes védiques il est parlé d’elles comme des Harits, chevaux de l’Aurore. Harit, ce nom signifie l’éclat luisant que prend un corps oint de graisse ou d’huile : d’où l’idée de splendeur. Très étrangement, il se trouva que les chevaux de l’Aurore devinrent, dans l’esprit des Grecs, les suivantes aimables d’Aphrodite. Quant à la déesse elle-même, voici quelques-uns de ses autres noms : Énolia et Pontia, signifiant l’un et l’autie qu’elle appartenait à la mer; puis Urania et Pandémos, ou la déesse de l’amour pur aussi bien que sensuel. Ainsi le charme du matin suggéra l’idée de tendresse et d’amour, qui passa par mille formes, selon l’âme des nations auxquelles arrivèrent ces traditions. Le culte d'Aphiodile était général; on le trouve partout ; mais ses temples les plus célèbres s’élevaient à Cythère et à Cypre, à Guide, Paphos et Corinthe, Divinité grecque, elle se rattache au conte de Troie. A la fête donnée pour les noces de Thétis et de Pélée, Eris (la dispute) jeta une pomme d’or, offerte à la plus charmante des déesses. Le prix fut réclamé par Héré, Athéné et Aphrodite; et Zeus décréta que le juge serait Paris, fils de Priam. Paris donna la pomme à Aphrodite, qui lui suggéra la tentation d’enlever Hélène à Sparte; et cette insulte laite à Nlénélas, le mari d’Hélène, causa la guerre de Proie. Cette scène, esquissée déjà dans l’histoire d’Athéné, s’appelle, dans la Mythologie, le Jugement de Pâris. Si nous continuons à étudier Aphrodite dans les poèmes homériques, nous l’y voyons femme d’Héphaistos; ceci ayant pour signification ancienne que l’aurore est l’épousée de la lumière. La déesse eut de nombreux adorateurs et des enfants nombreux, dont les noms, dans la plupart des cas, s’expliquent d’eux-mêmes. Comme se levant de la mer, elle se vit aimée de Poséidon, et d’Arès comme suscitant un tumulte passionné dans le cœur; et fut la mère de Déimos, Harmonia et Éros (la Peur. l’Harmonie et l’Amour). Bien des contes c irculent à son sujet : on dit qu’elle agréa Anchise et donna le jour à Enée, l’ancêtre de Romulus; mais peut-être voit-on plus particulièrement en elle celle qui aima Adonis. Le nom de ce dernier personnage n’appartient pas à la mythologie grecque : c’est un mot