Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/1234

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encore relative à sa naissance. Un conte rapporte que Cadmos ou Cadmus, apprenant que sa fille était mère de Dionysos, la mit avec son enfant, dans un coffre, que la mer jeta aux rives de Brasies. Sémélé fut retirée morte ; l’enfant sauvé et nourri par Ino : incident qui se répète dans l’histoire de Persée (Perseus) et de Danaé. Autre récit : Héré, jalouse de Sémélé, tente sa ruine. Sémélé, pressée par les mauvais desseins de la déesse, demande à Jupiter de la visiter dans sa splendeur de dieu olympien, et, comme il approche, elle est brûlée par les éclairs, Dionysos naît au milieu des coups de tonnerre enflammés, et Sémélé part pour un long séjour dans la terre d’Hadès. Sur l’éducation du jeune homme on est incertain : quelques-uns disent qu’elle se fit à Naxos; d’autres, au mont Nysa ; mais il y avait plusieurs montagnes de ce nom, comme il y avait plus d’une Ortygie et plus d’un fleuve Triton, où l’on dit que naquirent Phoïbos et Athéné. La carrière du dieu est moins trouble. Comme Héraclès, Persée, Thésée et tous les autres héros, il eut à traverser un temps de labeur pénible et de danger avant d’atteindre au renom et à la gloire. Mais il mena à fin ces dures besognes; voici comment Dionysos, dit-on, résolut de quitter Orchomène, lieu où il avait passé une partie de sa jeunesse. Il voyagea du côté de la mer, et se tint sur un roc en saillie; les boucles noires de ses cheveux se répandaient sur ses épaules, tandis que sa robe de soie frémissait sous la brise. La splendeur de sa forme attira les regards de quelques Tyrrhéniens qui naviguaient. Ils vinrent au roc, quittant leur vaisseau, saisirent Dionysos et l’enlacèrent de liens très forts, bruns et gris, tombant autour de lui comme les feuilles d’un arbre en automne. En vain le timonier les avertit de n’avoir rien de commun avec quelqu’un appartenant à la race des dieux immortels : quand l’équipage s’éloignait à la voile avec Dionysos, voici que coula soudain sur le pont un flot pourpre de vin et qu’un parfum de bouquet céleste remplit l’air. Une vigne grimpa par dessus les mâts et les vergues : autour des agrès, des masses confuses de lierre se mêlèrent à des grappes étincelantes, une splendide guirlande se suspendant comme un joyau à chaque coup de rame. A la vue de ces merveilles, ies marins, frappés de peur, entouraient le timonier, quand un rugissement se fit entendre et un lion fauve avec un ours se tinrent en face d’eux. Les hommes sautent par dessus bord, changés en dauphins; Dionysos, reprenant alors sa forme humaine, remercie le timonier de sa bonté, et fait souffler un vent du nord qui conduit le vaisseau aux rivages d’Egypte, dont I’rotée était roi. Le Dieu ne resta pas longtemps en Égypte : il voyagea par clés terres nombreuses, par l’Éthiopie et l’Inde, et d’autres contrées, suivi