Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/1413

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sans variantes, sur un album appartenant aujourd’hui à sa descendante, Madame des Essarts-Arnaud d’Andilly. Encore qu’il ne s’agisse là que d’une pièce appartenant au genre de ce qu’on appelait jadis « poésies fugitives », elle n’est pas dénuée d’une certaine tenue littéraire, tout inspirée, assurément, de Banville, particulièrement dans le premier des tercets. P. 21. SOLEIL D’HIVER (Sens, juin 1862.) Ces quatre strophes parurent dans le même Journal des Baigneurs, de Dieppe, la semaine suivante (numéro du 13 juillet 1862). Eliacim Jourdain (auquel est dédié ce poème), de son vrai nom Etienne Séraphin Pellican, était à la fois un employé de la mairie de Dieppe et un rimeur incontinent. Il se croyait volontiers une espèce de génie. En sept ans, dit M. Auriant {Nouvelle Revue Française, numéro du ier mai 1933, où fut réimprimé ce poème), il avait écrit 179 actes pour le théâtre. Charles Coligny, qui avait mis en rapports épistolaires Eliacim Jourdain avec des Essarts et Mallarmé, ne leur avait pas dissimulé le caractère du personnage. La pièce, qui relève de la manière du Théodore de Banville des Odes Funambulesques et d’Albert Glatigny, peut marquer, si l’on veut, la première entrée du faune dans la poésie mallarméenne, comme le sonnet paru dans le numéro précédent du Journal des Baigneurs y marque la première apparition de Yaytr. Parmi les papiers du poète se trouvait une coupure du Journal des Baigneurs soigneusement collée, où ce poème figure avec des ratures et des corrections en marge, malheureusement ou fragmentaires ou illisibles, mais qui témoignent que le jeune auteur eut un moment le dessein de lui donner un nouvel et plus mûr aspect. P. 22. MYST1CIS UMBRACULIS (Sens, 1862.) Ce petit poème figure, autographe, au dos d’un manuscrit de la version première d’Mz/wôw (intitulé alors Haine du Pauvre'). Le second tercet a paru en note, p. 162 du premier volume de la I 'ie de Mallarmé de M. Henri Mondor (TV. R. F., Paris, 1941) et y était donné comme le second tercet d’un sonnet. 11 s’agit seulement de deux strophes de trois vers, d’une seule rime chaque : le titre et la date, 1862 (minuscule, mais fort lisible), portés sur le manuscrit découvert plus tard prouvent, sans conteste, que le poème est complet ainsi. Le sous-titre (« Prose des fous ») montre que cette acception ecclésiastique du mot « prose » était familière à Mallarmé, vingt ans avant qu’il ne l'employât dans le titre de la Prose fameuse (pour des Esseintes). D’ailleurs ce mot ne figure-t-il pas aussi, avec cette acception, dans le poème en prose Plainte d'Automne, « le latin enfantin des premières proses chrétiennes » ?