Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/1431

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et plus loin : 57/r son trône d'airain, le Destin qui s'en raille Imbibe leur éponge arec du fiel amer Et la Nécessité les tord dans sa tenaille. Quant à l’influence de Baudelaire, elle apparaît des le titre, qui est celui-là meme d’un des sonnets des I leurs du mal, et dans maint emprunt fait au même vocabulaire. Ils tètent la douleur comme une bonne louve (Le Cygne.) et ailleurs, dans : Ils mangent de la cendre... on retrouve : Ils mêlent de la cendre avec d’impurs crachats... (Bénédiction.) comme : Nous soûlerons d’encens... rappelle, dans le même poëme de Baudelaire : /:/ je me soûlerai de nard, d'encens, de myrrhe... Le mot « guignon », on s’en souvient, figure au début de l’étude de Baudelaire sur Edgar Poe, sa 17? et ses cetivres, publiée dès 1852 dans la Revue de Paris, puis refondue et modifiée, et qui porte précisément pour épigraphe un des tercets de Ténèbres de Gautier, celui que nous avons cité : « Sur son trône d’airain... » Cette étude de Baudelaire avait reparu en 1856 en tête du volume des Histoires extraordinaires d’Edgar Poe. Le rapprochement entre ce poëme de Gautier et le Guignon de Mallarmé a cté fait, il y a déjà longtemps, par M. Yves Gérard le Dantec au tome XIII des Œuvres Complètes de Charles Baudelaire (traductions d’Edgar Poe, Documents, Variantes, Bibliographie, p. 439, éd. de la Nouvelle Revue Française, 1931). Quoique en aucun endroit de son œuvre, ni de sa correspondance, nous n’ayons pu trouver une allusion de Mallarmé à Gérard de Nerval, on est assez naturellement tenté de chercher des rapprochements entre ccs deux poètes « mystérieux ». L’enchantement des Chimères a bien probablement dù s’exercer aussi sur Mallarmé. Faut-il voir, bien vague et passager rappel, dans : Mordant au citron d'or de l'idéal amer... un écho de ces vers du sonnet Delfica de Gérard ? ... Reconnais-tu le Temple an péristyle immense Et les citrons amers où s'imprimaient tes dents... On a remarqué aussi que le dernier vers de la pièce, sous sa forme définitive peut être une allusion à la mort de Gérard de Nerval. Nous donnons ici la première version de ce poeme, telle qu’elle