Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/1452

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Dans le Parnasse Contemporain le second vers commençait par Pour l'or... Le 8e vers de ce sonnet ne peut manquer de rappeler ce passage de Polla d’Alfred de Musset : Lorsque dans le désert la cavale sauvage, Après trois jours de marche, attend un jour d’orage Pour boire l'eail du ciel sur ses palmiers poudreux. La version définitive du sonnet, un des plus beaux pour P. Beau-sire, a fait disparaître cette réminiscence. Ce sonnet fut mis en musique par M. Henri Sauguet, en 1941. P, 37. L’AZUR (Tournon, janvier 1864.) « Je veux l'A^iir pour mes étrennes... les belles étrennes que l'A^iir et que ces mots-là chantent bien », écrivait Henri Cazalis à Mallarmé en décembre 1863 : mais l’achèvement de ce poëme fut long et lorsque Eugène Lebéfure, le 15 avril 1864, retourne à Mallarmé les poëmes qu’il lui a communiqués et cite Les grands trous bleus que font méchamment les oiseaux, PA^ur devait être de composition récente, et remonter tout au plus à quelques semaines comme l’indique une lettre de Mallarmé à Henri Cazalis qui porte seulement « jeudi matin » mais semble bien devoir dater de « mars j 864 » et dans laquelle il fait, en quelque sorte, et par exception, l’analyse de son poëme : « Je t’envoie enfin ce poëme de l'A^ur que tu semblais si désireux de posséder. Je l’ai travaillé ces derniers jours, et je ne te cacherai pas qu’il m’a donné infiniment de mal, outre qu’avant de prendre la plume, il fallait, pour conquérir un moment de lucidité parfaite, terrasser ma navrante impuissance. Il m’a donné beaucoup de mal, parce que bannissant mille gracieusetés lyriques et beaux vers qui habitaient incessamment ma cervelle, j’ai voulu rester implacablement dans mon sujet. Je te jure qu’il n’y a pas un mot qui ne m’ait coûté plusieurs heures de recherche, et que v le premier mot, qui revêt la première idée, outre qu’il tend lui-même à Y effet général du poëme, sert encore à préparer le dernier. « ... Ainsi suis ma pensée dans mon poëme et vois si c’est là ce que tu as senti en me lisant. Pour débuter d’une façon plus large, et approfondir l’ensemble, je ne parais pas dans la première strophe. L’azur torture l’impuissant en général. Dans la seconde, on commence à se douter, par ma fuite devant le ciel possesseur, que je souffre de cette cruelle maladie. Je prépare dans cette strophe encore, par une forfanterie blasphématoire Et quelle nuit hagarde, l’idée étrange d’évoquer les brouillards. La prière au « cher ennui » confirme mon impuissance. Dans la troisième