Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/1492

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une harmonieuse version de ce poëme (Rouait, Lerolle, éd., Paris.) On doit à Pierre Vellones une autre interprétation musicale de cc même poëme publiée en 1930, chez Henri Lemoine, Paris. P. 54. TOAST FUNÈBRE (Paris, 1873.) Théophile Gautier était mort le 23 octobre 1872. Sa mort affligea unanimement. Parmi les jeunes poètes, et quoiqu’il ne l’eût connu qu’à peine personnellement, Mallarmé avait toujours éprouvé pour lui une sympathie particulière, depuis le temps déjà lointain où, à dix-sept ans, il achetait ses Poésies Complètes. Il lui avait témoigné son admiration dans ce poëme en prose Symphonie littéraire, publié dans l’Artiste en 1865, qui unissait à Théophile Gautier Charles Baudelaire et Théodore de Banville, ses deux poètes de prédilection parmi les vivants. A l’annonce de la mort de l’auteur d’Albertns et des Émaux et Camées tout le groupe du Parnasse Contemporain s’émut et l’idée suggérée par Glatigny fut acceptée, d’emblée, de réunir en un Tombeau de Théophile Gautier des hommages poétiques d’un grand nombre d’écrivains français et étrangers. Mallarmé, arrivé depuis un an à Paris quand cette mort survint, et qui avait renoué des fréquentations plus suivies avec Leconte de Lisle, Hérédia, Coppée, Banville et autres, fut des premiers sollicité de collaborer. Un passage d’une lettre à François Coppée, dont nous ignorons la date mais qui doit être du début de 1875, ou, au plus tôt, des dernières semaines de 1872, montre qu’avant même d’ccrire ce Toast funèbre, l’auteur en avait arrêté dans sa pensée le mouvement oratoire et la cadence. Voici ce passage : « ... Je ne serai pas samedi chez Lemerre. Voici donc ce que j’ajoute afin que vous puissiez me représenter... Commençant par O toi qui... et finissant par une rime masculine, je veux chanter en rimes plates une des qualités glorieuses de Gautier : le don mystérieux de voir avec les yeux (ôtez mystérieux). Je chanterai le voyant, qui, placé dans ce monde, l’a regardé, ce qu’on ne fait pas. » (Catalogue Blaizot, Paris, avril-mai 1933.) L’élaboration de ce recueil prit nécessairement quelque temps : il parut le 23 octobre de l’année suivante chez Alphonse Lemerre, sur 180 pages, réunissant les témoignages de 85 poètes, précédés par l’admirable pièce de Victor Hugo. Mallarmé retrouvait dans ce recueil, outre des maîtres comme Leconte de Lisle et Théodore de Banville, maint ami : Aubanel, Cazalis, Coppée, Dierx, des Essarts, Hérédia, Mendès, Mérat, Mistral, Armand Renaud, sans compter des amis anglais comme John Payne et Bonaparte-Wyse. Le Toast Funèbre y occupait les pages 109, 110 et ni. Dans la Renaissance artistique et littéraire qu’il dirigeait (N° du