Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/1494

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sacrée. La mort est sans remède. De la vie la seule permanence est abstraite : le devoir que nous font les jardins de cet astre : de chanter. » Parmi les remarques pertinentes et soigneuses de M. Soula, citons celle-ci que ce poëme, très particulièrement, justifie : « L’adjectif chez Mallarmé n’apporte pas la simple précision d’une qualité facultative à l’image : l’image su'bstantive en est accrue ou diminuée. L’adjectif vient modifier la définition même du nom. » Madame E. Noulet a commenté, en de belles pages, son enthousiasme : « Tel quel, ce grand et cher poëme, torche enflammée que Prométhée a vraiment ravie au feu du ciel, a une place de choix dans l’œuvre de Mallarmé. Grâce à lui, l’œuvre rêvée, c’est cette œuvre écrite. » P. 55. PROSE POUR DES ESSEINTES (Paris, 1884.) Ce poëme, l’un des plus considérables de l’œuvre de Mallarmé, parut dans la Revue Indépendante en janvier 1885. Son texte ne présenta plus, par la suite, que de minimes variantes de ponctuation. Une lettre inédite de Joris Karl Huysmans à Mallarmé, lettre datée du 27 octobre 1882, révèle la première intention d’une nouvelle, sans titre encore, dont ii lui indique le plan et qui allait, en se développant, devenir A Rebours ; en même temps Huysmans demandait à Mallarmé « de lui communiquer des poemes, vers ou prose ». On ne sait exactement ni quand ni comment les deux écrivains entrèrent en contact, mais ce ne devait pas être beaucoup avant cette date. Moins de deux ans plus tard, A Rebours paraissait, et au chapitre XIV, parmi les ouvrages préférés du super-esthète qui était le héros de ce livre, des Esseintes, figuraient en bonne place les poemes, « vers ou prose », alors presque introuvables, de Mallarmé. Les huit pages d’A Rebours consacrées par Huysmans à caractériser l’art mallarméen, les citations ou commentaires des premiers poemes, d’Hérodiade, de l’Après-Midi d'un Raune et des poemes en prose attirèrent l’attention sur le poëte dont l’audience était encore des plus restreintes et contribuèrent, avec les Poètes Maudits de Paul Verlaine, à faire sortir Mallarmé de la pénombre où il se tenait depuis vingt ans. Dans la Revue Indépendante, ce poëme présente une nuance importante : les deux premières strophes y sont séparées des suivantes par un petit trait qui indique qu’elles forment une sorte de prologue ne faisant pas intimement corps avec le poëme. Dans ses Mardis soir, rue de Rome, publiés dans les Marges, le