Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/1497

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Vaste jeu ! voici que frissonne L’espace comme un grand baiser Qui fier de n'être pour personne Ne sait jaillir ni s’apaiser et où la 4e strophe présentait cette variante : Sc couler an coin de ta bouche. Sur une épreuve, revue par Mallarmé, de l’Anthologie du XIXe siècle, on relève cette autre variante, à la dernière strophe : Stagnants sur l’or des soirs, ce l’est... N’y aurait-il pas, dans le départ de ce poème, une réminiscence peut-être inconsciente du début de la petite pièce d’Aloysius Bertrand, la Jeune Fille : Rêveuse et dont la main balance Un vert et flexible rameau... Aloysius Bertrand dont, au début de 1866, Mallarmé réclamait le Gaspard de la Nuit à son premier éditeur Victor Pavie qui, en vingt-trois ans, n’en avait pas vu s’épuiser le tirage pourtant peu nombreux, et dont, vers 1884, Mallarmé recommandait la lecture à Gustave Kahn. « Chacune de ses cinq stances », a dit Albert Thibaudet {la Poésie de Stéphane Mallarmé, p. lit), « comme les cinq plumes aériennes de l’éventail même, tient en scs termes contournés et précieux une signification indéfinie, non indéfinie parce qu’elle est vague, mais indéfinie parce qu’elle disperse loin les ondes d’un sens souple et vivant. » En 1913, Claude Debussy mit en musique cette pièce : elle fait partie du recueil Trois Poèmes de Stéphane Mallarmé qui parut à la fin de cette année-là chez l’éditeur Durand, à Paris. P. 58. 1 VENTA IL (Paris, 1890.) Ecrit à l’encre blanche sur le papier doré d’un éventail fleuri de roses, imprimé, ce sonnet fut remis en 1890 par le pocte à Mme Méry Laurent. P. 59. FEUILLET D’ALBUM (Paris, 1890.) Dans la Bibliographie préparée par lui pour l’édition de ses Poésies (Deman, 1899), Stéphane Mallarmé a noté : « Tout à coup et comme par jeu est recopié indiscrètement à l’album de la fille du poète provençal Roumanille, mon vieux camarade. Je l’avais admirée enfant et elle voulut s’en souvenir pour me prier, demoiselle, de quelques vers. »