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Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/1521

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inertie lui incombe. Sans doute scs parents auront néglige de lui mander cette force d’évocation, négligé de boire à la source féconde de Chimère : et la source s’est tarie, inemployée. Hélas ! le vase ne revêt point sa chaude couronne : il agonise, inutile, veuf de tout autre breuvage que sa vacuité morne, et ne consent point à faire enfin surgir, sous le stérile vœu de l’artiste, surgir ce faîte qui le devrait sacrer : une odorante floraison de roses. » (Riw Indépendante, février 1887.) l’crsistcrait-il dans ce sonnet comme une lointaine réminiscence de la Cbiw'ere de Théophile Gautier, que Mallarmé lut, en 1865, dans les Poésies diverses et dont la première strophe était : Une jeune chimère, aux lèvres de ma coupe, Dans l’orgie, a donné le baiser le plus doux : I ‘.lie avait les yeux verts, et jusque sur sa troupe Ondoyait en torrents l’or de ses cheveux roux. En 1913, Maurice Ravel mit en musique ce poente de Mallarmé, pour chant, piano, quatuor, deux flûtes, deux clarinettes : l’ouvrage fut achevé à Saint-Jcan-dc-Luz le 27 août 1915, et parut peu après chez l’éditeur Durand (Paris, 1913). P. 74. L NE DENTELLE S’ABOLIT Parut, avec les deux précédents sonnets, dans la Revue Indépendante, janvier 1887. Nous rétablissons la virgule apres Mais, au 9e vers, telle qu’elle figure dans le texte de cette revue. Citons le commentaire qu’en donna jadis Teodor tic Wyzcwa : « Un rideau de dentelles : par lui s’insinue au poète l’idée d’une couche nuptiale. Il aperçoit que nul lit n’est, sous cette dentelle; elle lui paraît un blasphème, ainsi entr’ouverte sur le vide de la fenêtre pâle. Ce blanc conflit monotone, qui sans fin répète les lignes vagues, sur la vitre où il semble fuir, il flotte, mais ne recouvre point la couche nuptiale qui lui sied. Mais voici que le Rcvc survient et que s’efface, par lui, la triste songerie : car dans Pâme de celui qui se dore du rcvc, sommeille une harmonieuse mandore éternelle; dans l’abîme de l’âme d’où naît toute musique, sommeille la mandore magique de la fantaisie. Et qu’importe désormais l’absence d’un lit sous cette dentelle ? Volontairement le poëte se conçoit enfanté du rêve, fils de cet éternel pouvoir qui gît au fond de son âme. Le contour bombé de la mandore, n’est-cc pas le royal ventre, où germe, supérieure aux duperies des temporelles existences, l’intime vie de fiction; et cette dentelle qui tantôt s’effaçait, voyez comme elle est un somptueux décor au lit vraiment réel où le poëte se veut naître ! » (Rtw Indépendante, fév. 1887.) M. Charles Mauron, dans son commentaire de ce poème, remarque qu’on retrouve dans ce sonnet les mêmes associations que dans Don du Poëme : la meme fenêtre qui pâlit, la femme endormie,