Aller au contenu

Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/1520

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

P. 73. TOUT ORGUEIL... Publié dans le troisième numéro de la Revue Indépendante (janvier 1887) avec les deux pièces suivantes, sous le titre Sonnets I, II, III, qui, ni l’une ni l'autre, n’ont subi de modifications par la suite. Teodor de Wyzewa donna, jadis, de ce sonnet, cc commentaire : « D’abord une console, sous le marbre de la cheminée froide. Le poëte, songeant à la joyeuse flambée qui là, tout à l’heure, s’agitait, désormais évanouie, se demande si tout orgueil, et la flambée juvénile des rêves, des gloires, si le soir survenant va éteindre toutes ces clartés, laissant — et rien de plus — le vestige momentané d’une fumée, aux lieux où brûlait si claire cette torche, maintenant étouffée par un choc fatal. Quoi, le soir va réduire en fumée tout orgueil : et jamais la triomphale bouffée de sa flamme ne voudra surseoir à cet abandon ! Mais la flambée s’éteint inexorablement; et si rentrait dans la maison déserte l’héritier de quelque trophée dont la splendeur aussi s’est éteinte sous la destinée, il trouverait froide la chambre, froide, hélas ! parce que serait venu le soir meurtrier. Vraiment il voudrait s’enfuir par le rêve, oublier cette mauvaise apparence : les souvenirs du passé, comme les serres d’un fort oiseau l’agrippent. Condamné à subir le froid de cette chambre, il souffre. Mais bientôt sa souffrance s’apaise : car ii a vu, au iieu de la cheminée sans flammes, dans la nuit du dehors et de son cœur, surgir, brillant — oh ! brillant à lui donner l’illusion de la flamme perdue — la flambée du rêve tout-puissant. » (Revue Indépendante, fév. 1887.) Mme E. Noulet, dans son ouvrage souvent cité, remarque qu’il y a des liens visibles entre cc sonnet, les deux suivants et le dernier du recueil : Mes bouquins refermés... « La maison sans gloire, le vase sans fleurs, la chambre sans lit, et le livre fermé, quatre variations sur le même thème » (p. 274). P. 74. SURGI DE LA CROUPE ET DU BOND... Ii parut dans la Revue Indépendante, numéro de janvier 1887. Nous avons rétabli le point d’exclamation après le 4e vers, tel que dans l’édition originale. Voici le commentaire donné par Teodor de Wyzewa des la publication de ce sonnet : « Sur la table, un vase, un mince vase où naguère des fleurs s’irradiaient. Le poëte l’aperçoit : il considère la délicate forme contournée, la fragile coupe de verre qui semble bondir, et puis ii en voit s’élever le col, mais sitôt s’interrompre. Tristement le poëte songe que nulle fleur n’est à consoler son amère veillée. C’est le départ poétique : alors l’émotion survient. Pourquoi donc ne trouve-t-il pas en lui-même, le poëte, cette fleur qu’il désire ? Ne peut-il l’évoquer, de par son vouloir souverain ? Ah ! sans doute 11 est par sa naissance condamné à n’y pas parvenir : une héréditaire