Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/1611

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Luxembourg. Parmi tant de pages sagaces envoyées en Angleterre, et que M. Stéphane Mallarmé considère trop modestement comme de simples notes, en voici une de précision et d’impartialité admirables sur Guy de Maupassant, et qui offre, par surcroît, en raison de l’opposition des deux esprits, un intérêt particulier. » Né le 5 août 1850 au château de Miromesnil, près Dieppe, Guy de Maupassant venait de mourir à Paris, le 6 juillet 1893, dans la maison de santé du Dr Mauriot, après une agonie de dix-huit mois, et une carrière littéraire qui n’avait guère duré plus de dix ans. Assez curieusement, on trouve, sous la plume de Maupassant, une allusion et peu flatteuse à Mallarmé. Dans une lettre du 8 janvier 1877 adressée à Gustave Flaubert, il dit : « Comme le M. Noël qui fait la chronique dramatique dans la Nation est au-dessous de Mallarmé comme galimatias... » (Œuvres complètes de Guy de Maupassant : Boule de Suif, Correspondance, p. CI, Louis Conard, éd., Paris, MDCCCCVIII.) A cette date, Maupassant ne pouvait, de toute évidence, faire allusion qu’à la Préface à I ’athek parue en mai précédent et dont nous savons que Flaubert avait reçu un exemplaire, de l’auteur lui-même. D’après les souvenirs rapportés par Henry Roujon dans son livre la Galerie des Bustes, Mallarmé et Maupassant s’étaient connus à ces dîners que donnait Catulle Mendès dans son appartement de la rue de Bruxelles, et où l’on voyait Jean Marras, Léon Cladel, Léon Dierx, Villiers de l’Isle-Adam, Mallarmé et quelques autres, cénacle amical que Flaubert lui-même présida quelquefois. Préfaçant la traduction par Gabriel Mourey des Poèmes et Ballades de Swinburne, Guy de Maupassant avait dit de ce poëte qu’il était « compliqué à la manière de MM. Verlaine et Mallarmé ». P. 526. LAURENT TAILHADE (i894-) Ce morceau parut comme préface à l’Iconographie de Courent Tailhade par F.-A. Cazals (Paris, Bibliothèque artistique et littéraire, 1894), album n° 1 d’une série projetée et intitulée Iconographie de certains poètes présents. Un billet de Léon Deschamps à Mallarmé, du 7 septembre 1894, réclame les épreuves de cette préface. Né à Tarbes le 16 avril 1854, Laurent Tailhade avait inauguré sa carrière littéraire en 1880 par un recueil de vers, le Jardin des Rêves, qu’avait préfacé Théodore de Banville. La verve féroce de ses poëmes railleurs réunis dans Ah pays du Mufle en 1891, de nombreux articles dans les petites revues ou les grands journaux, des duels fréquents avaient déjà attiré sur lui l’attention, lorsque le 4 avril 1894, dînant au restaurant Foyot, il y fut assez grièvement blessé par l’éclatement d’une bombe. Cet attentat anarchiste,