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Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/233

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science de larmes lui ôtent toute terreur : son nom est : « Non ! plus ». C’est le corps du silence ; ne le redoute pas ! Il n’a en soi de pouvoir mauvais. Mais si quelque urgent destin (lot intempestif !) t’amène à rencontrer son ombre (elle innommée, qui, elle, hante les régions isolées que n’a foulées nul pied d’homme), recommande ton âme à Dieu. LA VALLÉE DE LTNOUIËTUDE Autrefois souriait un val silencieux que son monde n’habitait pas : tous étaient allés en guerre, confiant aux doux yeux des étoiles, la nuit, de veiller des hautes tours de l’azur sur les fleurs, au milieu de qui, tout le jour, le soleil vermeil demeurait paresseusement. Maintenant, tout visiteur confessera l’instabilité de la triste vallée. 11 n’y a rien d’immobile — rien sauf les airs qui accablent la magique solitude. Ah ! aucun vent ne trouble ces arbres qui palpitent comme les mers glacées autour des brumeuses Hébrides ! Ah ! aucun vent ne pousse ces nuages qui frémissent par les cieux inquiets, avec malaise, du matin au soir, au-dessus des violettes qui sont là par myriades de types de l’œil humain — au-dessus des lis qui ondulent et pleurent sur une tombe sans nom. Ils ondulent : de leurs odorants sommets d’éternelles rosées tombent par gouttes. Ils pleurent : de leurs délicates tiges les pérennelles larmes descendent en pierreries. LA CITÉ EN LA MER Voyez ! la Mort s’est élevé un trône, dans une étrange cité gisant seule en l’obscur Ouest; où les bons et les mauvais, les pires et les meilleurs s’en sont allés au repos éternel. Chapelles et palais et tours (par le temps rongées, des tours, qui ne tremblent pas !) ne ressemblent