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Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/36

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» Prions qu’elle écarte l’absinthe » De sa coupe où sa lèvre sainte » Boit la force qui mène au ciel ! » Frères, n’oublions pas ceux qui dorment à l’ombre » Sous la croix, et qu’un mot de nous peut réveiller ! » Ni le vieillard qui voit notre astre en la nuit sombre, » Quand sa tombe l’appelle, et ne sait plus prier ! » Prions pour l’orphelin ! qu’un ange dans ses rêves » Passe, essuyant de l’aile une larme en son œil ! » Pour ceux que bat le sort, comme un flot bat les grèves ! » Souvenons-nous enfin quand l’Aigle plein d’orgueil » S’envole à d’éternelles gloires[1], » Que le Dieu de l’enfance est le Dieu des victoires ! » 7 juillet 1859.


L’ENFANT PRODIGUE


I


Chez celles dont l’amour est une orange sèche
Qui garde un vieux parfum sans le nectar vermeil,
J’ai cherché l’infini qui fait que l’homme pèche,
Et n’ai trouvé qu’un Gouffre ennemi du sommeil.

— L’Infini ; rêve fier qui berce dans sa houle
Les arbres et les cœurs ainsi qu’un sable fin !
— Un Gouffre, hérissé d’âpres ronces, où roule
Un fétide torrent de fard mêlé de vin !


II


Ô la mystique, ô la sanglante, ô l’amoureuse,
Folle d’odeurs de cierge et d’encens, qui ne sus
Quel Démon te tordait le soir où, douloureuse,
Tu léchas un tableau du Saint-Cœur de Jésus.

  1. Guerre d’Italie.