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Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/41

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POÈMES D’ENFANCE ET DE JEUNESSE 19 Tu ris au soleil du rivage Qui d’un traître rayon brunit Ta gorge entr’ouvrant son corsage Comme un ramier sort de son nid. 1861. A UN POÈTE IMMORAL Puisque ce soir, onze Décembre Mil huit cent soixante-un, je n’ai Qu’à rouler le chapelet d’ambre D’un rêve cent fois égrené, Les pieds au feu, sans que m’égare Quelque bonnet blanc inconstant, Je vais avec ce blond cigare Allumer ma verve un instant. Et, tant que sa lueur vermeille Égaiera l’ombre, te rimer Une préface où l’on sommeille, Moi, qui songe à les supprimer ! Si l’odelette parfumée Ne survit au manille, sois Franc, c’est qu’hélas ! tout est fumée, Tabac d’Espagne et vers françois. Tout !... jusqu’au vieil épithalame De la folie et des vingt ans, Car par la ville plus d’un blâme Ta gaîté qui sent le printemps. Plus d’un dans sa vertu ridée Se drape et t’appelle immoral, Toi, qui n’as pas même l’idée D’un prospectus électoral !