Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/42

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Laisse chanter, ô cher bohème, Leur chanson à tous ces pervers Si pervers que pas un d’eux n’aime Et que pas un ne fait de vers ! Tu ne rêves pas pour ta prose Ce ruban rouge où pend la croix, Et préfères la gance rose D’un corset délacé, je crois ? Tel le sage. Il fait à la pomme Mordre quelque Eve au fond des bois Et baise ses cils dorés comme Le thé qu’en t’écrivant je bois. Watteau, fier de ta comédie Qui sert aux sots d’épouvantail A Terpsichore la dédie Peinte sur un fol éventail ; Bruns ægipans, noirs scaramouches Au parc rêveur l’éventeront La nommant déesse aux trois mouches, Marquise ayant un astre au front ! Ris !... — Ils rient bien de qui courtise Leur vertu dont le fard déteint, Ces... — j’allais dire une sottise, Et mon cigare s’est éteint. 1861.


CONTRE UN POÈTE PARISIEN


à E[mmanuel] des [Essarts].


Souvent la vision du Poëte me frappe :
Ange à cuirasse fauve — il a pour volupté
L’éclair du glaive, ou, blanc songeur, il a la chape,
La mitre byzantine et le bâton sculpté.