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Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/526

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J’avais de mon office à côté, réduit à une humilité de guide vers un édifice, mais capable d’en dire les pierres, supprimé ici toute lecture, directe ou autre que des phrases venues comme alentour; mais la citation, dont vous venez d’ouïr la merveille, a jailli si spontanément du livre par elle éclairé, que je ne saurais ne pas faire à ma rigueur une parallèle infraction, devant l’autre production maîtresse, toute de colloques, passion, immortalité et surtout le renoncement, hier même parue, posthume, testament du poëte, Axël. (Quatrième partie, scène III; une crypte, où s’accumulent les possibilités d’être, étouffées en le sommeil d’un trésor, monnaie, joyaux; et la rencontre, entre le pensif jeune homme, au sortir des discussions humaines abstruses à lui simples, hanté de vivre, et une évadée funeste du froid d’un cloître, Sara.) Axël, d’une voix étrange, très calme et la regardant. Sara !je te remercie de t’avoir vue. (L’attirant entre ses bras.) Je suis heureux, ô ma liliale épousée ! ma maîtresse ! ma vierge ! ma vie ! je suis heureux que mus soyons ici, ensemble, pleins de jeunesse et d’espérance, pénétrés d’un sentiment vraiment immortel, seuls, dominateurs inconnus, et tout rayonnants de cet or mystérieux, perdus, au fond de ce manoir, pendant cette effrayante nuit. Sara Là-bas, tout nous appelle, Axël, mon unique maître, mon amour ! La jeunesse, la liberté ! le vertige de notre puissance ! Et qui sait, de grandes causes à défendre... tous les rêves à réaliser ! Axël, grave et impénétrable. A quoi bon les réaliser?... ils sont si beaux ! Sara, surprise un peu, se retourne vers lui en le regardant. Mon bien-aimé, que veux-tu dire ?