Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/579

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de la tardive date : et ceci qu’entre tant de notes intimes ou attentives à ne perdre un détail curieux (servant ensemble de fonds aux Lettres de Voyages), quelque allusion eût trahi l’arrivée dans les bosquets royaux et les fêtes, à Lisbonne, du volume frais d’encre; sinon déjà des épreuves. La rare pièce que voici, soustraite au bouquin demeurant; d’où même émane-t-elle ? Divers points s’y éclairent, un surtout, des Épisodes ; et l’autre utile à l’achèvement de ma notice, car il indique l’origine d’une version anglaise : mais nul qui résolve la question en débat. Lisez. L'ouvrage que nous présentons au publie a été composé en françois par M. Beckford. L’indiscrétion d'un homme de lettres, à qui le manuscrit avoit été confié il y a trois ans, en a fait connoître la traduction angloise avant la publication de l'original. Le traducteur a même pris sur lui d'avancer dans la préface que Vathek étoit traduit de l'arabe. L'auteur s'inscrit en faux contre cette assertion et s'engage à ne point en imposer au public avec d'autres ouvrages de ce genre qu'il se propose de faire connoître ; il les puisera dans la collection précieuse des manuscrits orientaux laissés par feu AL Wortley Montague et dont les originaux se trouvent à Londres chej M. Palmer, régisseur du duc de Bedford. Perspicacité difficile ! il doit y avoir eu, au milieu du refroidissement de chacun causé par maint délai à une publication oubliée et payée même dès longtemps, oui, mise au jour subite de ce Vathek chez Poinçot, à l’insu du jeune auteur, qui repassant par Paris en 1788 ne s’ouvre à personne du Conte Arabe, soit que le peu de bruit fait autour de l’apparition ne l’engageât point à se nommer ou qu’il obéit à certaine susceptibilité de sa famille. Un exemplaire a-t-il été envoyé avec dédicace à des sommités littéraires, doutez-cn au silence unanime dans les annales du temps. L’adolescent, allant à Ferney avec son précepteur, saluait dix ans plus tôt Voltaire, mort au moment qu’avait à peine hors des salons paternels brillé la future Madame de Staël, plus tard visitée par l’homme mûr à Coppet. Cent mémoires fouillés* voilà

  • Le Mercure d’abord, six tomes de 1787, puis le Journal des Sfavants ; enfin à la même date l’Mw/éi? littéraire de Fréron : rien. Silencieux, Métra l’est au long de ses Mémoires secrets pour servir à l'histoire de la République des Lettres en France depuis MDCCXLII jusqu'à nos jours Ou Journal d'un Observateur, etc. et de Bachaumont