le devant de la jupe à mille volants paille très-serrés autour du corps par des bandes posées en biais, représentant d’énormes fleurs orange foncé; le gilet sans manche, brun comme la traîne, laisse voir des manches paille, » A Gluny, autre maison sympathique de M. Weinksheink, les Héritiers de Rabourdin, eux-mêmes nous laissent muets; et cependant, quelle tentation vraiment irrésistible d’apporter dans ce malentendu qui sembla s’établir entre le public et l’admirable romancier, auteur de la pièce, M. Zola, notre humble avis (au contraire d’une partie de grande presse qui a tout aggravé, pouvant tout dissiper). Une œuvre de cette importance exige un commentaire où passeraient le Journal et sa couverture : car voici qu’avec elle la question du Candidat, par Flaubert, au Vaudeville, la saison dernière, recommence pour ne jamais peut-être finir. Aux Livres. La pieuse offrande qu’aux jours funèbres des souvenirs et des fleurs, le génie fait homme de ce siècle voua à la mémoire de chers êtres perdus, c’est un livre! Victor Hugo a apporté, sur la double tombe parisienne de ses deux fils, quelques pages justes, sereines, amies, lumineuses, qui vont aussi servir de préface à leur œuvre bientôt rééditée. Notre émotion nouvelle, à nous comme à chacun, c’est d’abord d’avoir entendu une fois de plus parler Victor Hugo : mais aussi de l’avoir entendu parler de Charles et de François-Victor Hugo. Seul, il avait le droit de proférer très-haut, à propos de ces deux jeunes hommes éclairés autrement que tous et autrement même que par la mort, ce que d’eux longtemps nous pensâmes tout bas. Mais involontairement encore on mêlait leur éclat à la splendeur paternelle; or, le père est venu séparer de sa gloire la leur, et dire avec autorité : « Non, ceci est le rayon de Charles, non, cela est la lueur de François-Victor. » Toutes les mères, avec une admiration triste, comprendront ce geste et le suivront des yeux. Du passé solennel et inoubliable, fable, légende, histoire, mais qui est maintenant fermé à l’éclosion de ces types miraculeux, Théodore de Banville, avec le recueil des Princesses, a ressuscité l’âme et le corps de Sémiramis, d’Ariane, d’Hélène, de Cléopâtre, d’Hérodiade, de la reine de Saba, de Marie Stuart, de la princesse de Lamballe et de la princesse Borghèse. Tout ce qui de cruauté, d’orgueil, de luxe et de candeur inhérents à la Femme même, s’est à travers les longs âges perpétué en des exemples précieux jusqu’à sa venue à lui, seul capable d’accepter un tel trésor! le poëte le fait vivre dans une galerie de quelques Sonnets extraordinaires. Son vers, défiant les pinceaux, défiant la statuaire, a accompli ce prodige d’évocation; et jamais il n’accusa, entre les mains de ceux qui l’ont perfectionné
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