Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/845

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

II. — LES THÉÂTRES

Avec une sorte de respect! nous ne changeons rien à l’annonce faite ici par nous, dès il y a un mois, de grandes Premières ayant inauguré la seconde phase théâtrale de la Saison, et qui semblent défier l’Hiver. Clichés ? oui, puisse chacune de ces notes-là demeurer un cliché : quant aux récentes, une certaine hésitation y règne, avant que ne se dessine tout à fait la troisième phase (qui commence avec la Haine;') le Programme se ressent de l’heure. Aujourd’hui plus que jamais, se servir de nos prédictions, pour faire des projets; et, le moment venu, d’y céder, seulement consulter un Journal du jour. Théâtre Français : toujours et longtemps, le Demi-AIonde d’Alexandre Dumas fils, acclimaté chez Molière et chez Beaumarchais : Delaunay, Got, Febure, Thiron; Croizette, Nathalie, Tholer et Broizat, cela dit le prestige de ces magnifiques soirées. Répertoire : notamment Tabarin, reprise, puis le Duc Job et Advienne Lecouvreur. Italiens : rien que des premières : Lucrezzia Borgia, la Tra-viatta, le Trovatore, le Ballo in maschera, Il Barbiere, Martha, Violetta, Crispino e la Comare, la Somnambula, ajoutons Othello, Il Trovatore et Poliuto, sûr d’en passer, et des plus brillantes. Tant de noms et de tels réunis, ne produisent-ils pas ici l’éblouissement que chaque soir, dans la salle, causent tant de diamants sur les poitrines ? Odéon : les premières représentations de la Maîtresse légitime, œuvre élevée et sérieuse, révèlent M. Davyl, déjà deviné par tous, et montrent Mlle Léonide Leblanc parfaite une fois de plus. Quant au Répertoire : les Femmes savantes, ayant pour Chrvsale M. Dalis, et les Héritiers de Duval, que rajeunit Mlle Baretta. Opéra-Populaire : Les Parias, que remanie le maestro; les Amours du Diable, qu’applaudit même la foule des dimanches, je veux bien, les ayant vus, les oublier un instant : mais le Capitaine Fracasse (d’Émile Pessard et de Catulle Mendès), la Halte du Roi, l’Amphitryon, les Amants de Vérone et tant de choses seulement promises; l’Opéra-Populaire doit à tout Parisien de durer un, deux, trois et cent hivers! Vaudeville ; Au Chemin de Damas, dans l’irruption aveuglante de lumière qui le frappa selon la légende, apparaît maintenant Plutus, dieu de l’or; allégorie qui nous fait espérer que plus d’un succès en simple prose ou en vers simples succédera encore à l’une et l’autre de ces pièces données ensemble parle Vaudeville (littéraire et non musical). Variétés : Les Prés Saint-Gervais, paroles de Sardou (et de Gilles), musique de Lecocq; Mmes Peschard, Paola Marié,