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Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/9

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AVANT- PROPOS

Au lendemain de la mort du poëte <7’Hérodiade, M. André Gide écrivait : « U inopportunité de son œuvre fera quelle ne sera pas passagère... et je crois fermement que l’œuvre de Mallarmé durera presque tout entière », et il ajoutait : « Il importe que nous puissions avoir bientôt une édition complète des œuvres de Stéphane Mallarmé. »

Près de cinquante années se sont écoulées depuis lors, sans qu’ait été réalisée cette édition complète : on se plaît plus volontiers à délibérer sur les textes qu’à les établir exactement. Dans l’entre-temps, on a réimprimé, sous diverses formes, l’œuvre poétique de Mallarmé : on l’a justement accru de quelques pièces non recueillies et qui méritaient grandement de l’être : on lui a adjoint des « vers de circonstance », dont une part n ajoutait pas, à vrai dire, par son extrême facilité, à la gloire d’un auteur difficile.

Cependant, l’œuvre en prose, qui réclamait au moins une égale attention, devenait à peu près inaccessible : un seul volume, où elle n’était réunie qu’en partie, se pouvait encore trouver en librairie. L,’admirable conférence sur « I ’illiers de l’Isle-Adam » ; celle, plus subtile, touchant « la Musique et les Lettres », ne se rencontraient plus qu’en morceaux insuffisants ; les mallarméens mêmes ne pouvaient plus se réjouir de l’ingénieuse traduction du « Ten O’Clock » de Wbistler. Tous ces ouvrages isolés, qui n’avaient pas été tirés à très grand nombre, et qui avaient mis quarante ans à s’épuiser che^ leurs éditeurs, y étaient enfin parvenus pour la déconvenue d’une génération nouvelle de lecteurs.

L’inattention générale n’avait pas été non plus sans maintenir dans l’oubli de revues périmées tel article de jeunesse, publié dans /’Artiste, où Mallarmé révélait déjà toute son attitude morale à défaut de tout son style. Plus même, on put retrouver, dans une publication aussi répandue que l’illustration, un article, signé en toutes lettres, et dont aucun rnallarmisant ne s’était avisé.

C’est surtout sur cette partie de l’œuvre que nos recherches et notre attention eurent à s’exercer. Llles jurent assurément aidées par la connaissance nouvelle d’une grande partie de la