Page:Mallarmé - Divagations.djvu/101

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les mains ont caressé jadis les pages — ivoire, poudre d’or, ou encens. Sensible à la qualité rare de sa pacotille, peut-être pas, comme entachée d’ orientalisme Mille et Une Nuits ou de couleur locale : mais aux paysages bus avec soif de vastitude et d’indépendance ! et si, l’instinct des vers renoncé, tout devient inférieur en s’en passant — même vivre, du moins que ce soit virilement, sauvagement, la civilisation ne survivant, chez l’individu, à un signe suprême.


Une nouvelle inopinée, en 1891, circula par les journaux : que celui, qui avait été et demeure, pour nous un poëte, voyageur, débarqué à Marseille, avec une fortune et opéré, arthritique, venait d’y mourir. Sa bière prit le chemin de Charleville, accueillie dans ce refuge, jadis, de toutes agitations, par la piété d’une sœur.


Je sais à tout le moins la gratuité de se substituer, aisément, à une conscience : laquelle dut, à l’occasion, parler haut, pour son compte, dans les solitudes. Ordonner, en fragments intelligibles et probables, pour la traduire, la vie d’autrui, est tout juste, impertinent : il ne me reste que de pousser à ses limites ce genre de méfait. Seulement je me renseigne. — Une fois, entre des migrations, vers 1875, le compatriote de Rimbaud