Page:Mallarmé - Divagations.djvu/113

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passe par les mains du bibliophile, épris de nobles marges pour y inscrire son jugement. Si discrète que fût cette participation au moment, elle ne s’accusa presque point davantage par la mise au jour d’heureuses parodies du cant fashionable en honneur : The Elegant Enthusiast et Amezia, rhapsodical, descriptive and sentimental romances, intermingled with pieces of poetry [1] ; je les détache de cette veine sarcastique et personnelle qui, au garçon de dix-sept ans, fournit une History of Extraordinary Painters, mystification à l’usage des visiteurs campagnards de la galerie paternelle ; ou devait, dans un futur encore lointain, produire un Liber Veritatis (ce titre presque changé en celui de Book of Folly) pamphlet héraldique sur les prétentions à une ancienne noblesse de force membres du parlement, resté manuscrit. Tous opuscules privés, mais de verve brillants et faits pour se lire à haute voix dans un cercle de familiers, la conversation venant à languir ; le cas est rare dans le salon d’un causeur à la vivacité duquel échappaient des saillies. Écoutez un mot au hasard : Les vérités importantes, sans en excepter une, ont été le résultat d’efforts isolés — nulle n’a été découverte par la masse des gens et on peut bien supposer qu’aucune ne le sera jamais — toutes viennent du savoir, joint à la réflexion d’esprits hautement

  1. L’Élégant Enthousiaste et Amezia, romans poétiques, descriptifs et sentimentaux, mêlés de vers, etc