Page:Mallarmé - Divagations.djvu/116

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Exceptionnel, tout, l’homme en sa contrée et quant à lui l’œuvre, éclate tel : mais l’emploi d’abord du français.. Un exemplaire a-t-il été envoyé avec dédicace à des sommités littéraires, doutez-en au silence unanime dans les annales du temps. L’adolescent, allant à Ferney avec son précepteur, saluait dix ans plus tôt Voltaire, mort au moment qu’avait à peine hors des salons paternels brillé la future Madame de Staël, plus tard visitée par l’homme mûr à Coppet. Cent mémoires fouillés, voilà nos deux seuls littérateurs que Beckford ait abordés ; et la société française qui l’accueillait au passage se restreint à des cercles de haute aristocratie. Très fièrement timide, peut-être attendait-il qu’on lui parlât d’abord de son livre de jeunesse : rien ne montre qu’il l’ait jamais employé près de nobles hôtes en tant qu’objet distinctif ; ni comme un appoint à ses lettres d’introduction, carte de visite ou bien bouquet. Non que la personne du maître de Fonthill fût inconnue même cinq ou six ans plus tard, en plein changement politique : comparse des premières scènes révolutionnaires, nos estampes montrent un Anglais à cheval qui partout assiste en curieux : lui. La chute de la Bastille une fois et encore la mort du Roi précédèrent de peu la rentrée à Londres ou dans ses domaines de cet étranger populaire ; mais c’est sans allusion sûre à la gloire littéraire dont son insouciance privait le pays pour la porter