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Page:Mallarmé - Les Dieux antiques.djvu/123

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d’Hercule, le Sphinx dans celle d’Œdlpe, et le dragon Fafnir de la bruyère étincelante qu’on voit au conte de Sigurd. Telle est la légende ; mais revenons au temple que l’on dit avoir été élevé par Phoïbos, à Delphes. Chacun sait qu’il devint célèbre en des temps postérieurs : le plus grand de tous les oracles de Grèce y résidait, et sa renommée s’étendait par tous les pays. Quand Xerxès envahit la Grèce, les armées qu’envoya ce prince pour piller le sanctuaire de Delphes auraient été écrasées par Phoïbos-Apollon, qui précipita dessus plusieurs grands rochers arrachés au sommet même du Parnasse. Les prêtres de ce temple passent pour des Crétois, dont Apollon guida, sous la forme d’un dauphin étincelant, le vaisseau autour du Péloponèse et vers le rivage de Crisa ; puis le dieu sortit de la mer comme une étoile, et remplit les cieux de la splendeur de sa gloire. Le feu immortel allumé par lui sur son autel, il enseigna aux Crétois les rites sacrés d’un culte, enjoignant aux habitants de se comporter avec loyauté et droiture à l’égard de tous ceux qui viendraient, chargés d’offrandes, à son sanctuaire.

La légende de Phoïbos ou Phœbus est multiple ; on dit notamment qu’il fut épris de Daphné, et que celle-ci, pour échapper à sa poursuite, plongea dans les eaux du Pénée, son père. Signification de ce conte : Phoïbos, comme dieu-soleil, est un amant de l’Aurore, appelée de façons variées : Ahanâ, Dahanâ, Athéné et Daphné. L’évanouissement de Daphné dans le courant est la disparition d’Eurydice, quand Orphée se retourne trop tôt pour la regarder. Voici une autre histoire du même genre : Apollon obtint l’amour de Coronis, devenue mère d’Asclépios (l’Esculape latin) et l’abandonna, comme Héra-